En mars 2020, Jackie Guillemet, jeune retraité, est venu poser ses valises dans un ancien corps de ferme à restaurer, non loin du bourg de Motreff. Sur les 4 ha de terre, dont le sol était pollué par endroits, il a commencé à mettre en place différents jardins potagers foisonnants et pleins de couleurs.

Cette passion du jardinage n’est pas innée chez Jackie: il a commencé sa carrière professionnelle comme informaticien dans une banque. Mais au bout de 17 ans, effrayé par les dérives du numérique «qui tend à enfermer dans des cases», comme il le souligne, il choisit de se tourner vers un métier qui crée du lien.

C’est ainsi qu’il enseigne d’abord le jardinage dans une école située au milieu d’une ferme de 85 ha dans l’Ariège, avec des enfants de sept nationalités différentes. Il se fait ensuite agréer comme famille d’accueil pour des adolescents en rupture, puis devient directeur de structure d’insertion et enfin responsable du Samu social à Cahors, s’occupant ainsi de personnes en détresse…

Dans toutes ces expériences professionnelles, son fil conducteur a toujours été le maraîchage ou l’élevage comme moyen de d’aider les personnes qui lui étaient confiées à se resituer.

«Que ce soit des enfants en perte de repères, des adultes en souffrance ou handicapés, l’essentiel est de tout faire pour que l’oiseau quitte son nid de souffrance, qu’il devienne autonome. Le jardin est un magnifique outil pour cela. De même, un enfant qui a appris à réagir face à un animal, qui en a pris soin, sera mieux préparé pour réagir avec les humains.»

Jackie Guillemet a acquis aussi de solides connaissances botaniques, tant pour les qualités gustatives de légumes oubliés que pour les vertus médicinales de plantes aromatiques. Chaque parcelle (le jardin-prairie, le jardin-verger…) a sa spécificité, tout en débordant de fleurs diverses…

«C’est un jardin social : je mets beaucoup de plantations en place pour plaire à un maximum d’espèces. Plus il y a de diversité dans le jardin, plus il sera autonome et résistant aux maladies, à la sécheresse…»

Dans un souci d’autonomie, il produit ses propres semences, ainsi qu’une bonne partie des légumes qu’il consomme. «Les échanges de semences ou de bonnes pratiques agricoles, c’est autant d’occasions d’entretenir le lien humain», conclut Jackie.

Olof Alexandersson